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Le nu féminin en sculpture

 

 

Le nu féminin est un thème artistique qui a été repris de nombreuses fois. Le symbole que représente le nu est très fort : la maternité, mais par la suite le nu, qu’il soit en buste, de plein pied, habillé, ou encore suggéré, peut être la représentation d’une divinité, l’éloge du corps, l’objet du désir, ou juste l’étude classique incontournable « à la mode » ou encore un sujet de représentation du mouvement ou une mise en situation du nu qui n’est plus traité à part entière mais qui est juste un élément parmi d’autres d’une installation.
Le nu féminin va être d’époque en époque, un sujet qui sera constamment traité d’une manière ou d’une autre montrant l’évolution des courants artistiques, des révolutions intellectuelles et des mœurs.

HISTORIQUE DU NU FEMININ EN SCULPTURE :
Développement et progression

Les premières statuettes féminines apparaissent à la préhistoire vers 25 à 20 000 av. J-C.

En Egypte, dès la première dynastie, la sculpture se perfectionnera pendant 30 siècles. Les personnages sont représentés de front, sans mouvement ; torse de face posé sur les jambes de profil. Les œuvres atteignent des dimensions gigantesques aux formes enveloppées et bien définies, dépourvues de détails. Le nu se veut représentatif de la beauté mais est aussi associé à la symbolique animale.

La Grèce, de la 2ème moitié du VIIe s., au début Ve s., est dans sa période archaïque. L’art se dégage lentement de l’influence égyptienne : on représente la femme hiératique et drapée.
C’est du Ve s. à fin IVe s. av. J-C que la période classique commence. Les bronzes et les marbres se développent pour tendre vers un idéal de la forme antique. Praxitèle représente le premier corps féminin nu : introduction de l’expression de la passion.
Par la suite, l’art hellénistique assurera la continuité de la période classique en reproduisant des chefs d’œuvres de cette époque.

A Rome, les romains copient les sculptures grecques. Les artistes sont hellénistes et on importe des œuvres.

Byzance à son tour reprend l’art romain puis vont survenir des querelles iconoclastes jusqu’en 843.
L’art chrétien au contact de la Syrie va se développer. Le décoratif prend une grande importance et se développe considérablement.

L’art roman est la renaissance de la sculpture à la fin du XIe s.

Le XIIIe s., les grandes cathédrales se construisent, l’art est gothique et les sculptures religieuses.

Au XVe s., les sujets restent presque toujours religieux et le début du XVIe s. voit naître une sculpture profane.
La Renaissance, en Italie, vise à magnifier la puissance et la beauté du corps humain.

En France, au XVIIe s., les sculpteurs renouent avec la plastique grecque classique.
Au XVIIIe s., apparition du style rococo et du néo-classicisme.
En Italie, c’est un néo-classicisme très strict.

XIXe s., la sculpture développe les notions de lumière et mouvement, la vie.

XXe s., l’observation de la nature et les inspirations archaïques permettent une nouvelle conception de laperception des formes à travers le mode et la réalisation des sculptures.

 

DE LA PREHISTOIRE A NOS JOURS.
COMMENT EN A DECOULE NOTRE VISION ACTUELLE DE TRAITER LE NU FEMININ?

Les premières statuettes qui traitent du nu féminin sont les toutes premières œuvres créées par les hommes préhistoriques qui en abordant la sculpture donnent naissance à l’art.
Ces statuettes représentent le corps féminin associé à la maternité, mais plus symboliquement, on le considère comme une effigie de la fécondité. En effet, ces Vénus possèdent de larges attributs : hanches, poitrine et fesses sont très développées. On remarque aussi le ventre qui pourrait être celui d’une femme enceinte. Aucun détails n’est réellement présent mis à part le sexe féminin : la vulve est cernée par plusieurs traits. La composition est une posture debout, ce qu’il est important de souligner car on la retrouve dans l’art nègre.

Ce n’est qu’à partir de l’Antiquité que l’on observe vraiment une explosion d’études du nu en sculpture qui seront par la suite pris comme model d’étude. Dans un premier temps, le nu n’est pas abordé directement, il est drapé. Les sujets de représentation sont les divinités, on illustre la mythologie et les actions des héros.
Puis le nu va se développer, on va vraiment représenter le corps féminin mais toujours avec une idée d’esthétique et de gestuelle propre à l’Antiquité.

On retourve en Inde, la figure de la femme nue : représentation de divinitées, ou ornementation. Elle est représentée sur certains murs de temples dans divers positions, à l'origine du Kamasutra (Temples de Kajuraho). Le nu est inscrit dans, une scène gravée, une histoire.  

Après cette époque où le nu continu à se développer, une grande période va mettre de côté la pratique artistique liée au corps nu. Le décoratif est au goût du jour.
Le Moyen-Age voit se succéder le roman puis le gothique, deux styles dans lesquels le nu sera exclusivement réservé à la représentation d’Eve car le christianisme et la morale religieuse ne se séparait pas de l’esthétique, et le chrétien ne pouvait considérer comme ″beau″ un corps marqué du péché originel ; il fut aussi étroitement lié à la crainte de la sorcellerie, ce qui réduit la création artistique à ne traiter que la religion et les icônes.

A la Renaissance, le corps humain est de nouveau étudié. On retrouve des nus académiques classiques qui perpétuent la tradition.

A partir de là, du XVIIe s. au XVIIIe s., la statuaire féminine évolue, les postures changent, le nu apparaît couché, dans des postures plus romantique. Les sources d’inspirations sont de plus en plus divers.

Au XIXe s., les sculptures antiques sont toujours choisis comme model mais de nouvelles notions viennent les compléter : les notions de lumière et de mouvement. Rodin est celui qui fera évoluer cette sculpture à la fois antique et moderne. Il n’hésite pas à déposséder l’antique de certains de ses attributs, il réalise des plâtres parfait auquel on le soupçonne de moulage sur model vivant mais aussi il présente des bustes sans membres ce qui sera assez nouveau. Puis l’exotisme liée à Gauguin va en influencer plus d’un. On se libère de l’antique, certains se fondent plus sur l’observation de la nature ; l’instant s’oppose à la vitesse.

Quant au XXe s., il va être libre de toute contrainte : l’art s’élargit et se diversifie.


C’est ainsi que les nouvelles générations de sculpteurs et de peintres ont commencés à prendre des libertés.

Maillol dans sa dernière sculpture Ile de France arrive à une pureté dans les formes et une ressemblance parfaite avec la réalité. On voit biensur sa grande admiration et son inspiration des sculptures grecs antiques .

Duchamps-Villon réalise un torse de femme en 1907, la tension, le mouvement sont présent dans l’immobilité. Le corps est en action, chaque muscle est crispé. La sculpture prend vie, c’est une figure qui découle de l’Antiquité à laquelle on a enlevé la froideur et la pose statique. On observe bien l’évolution et le détachement par rapport au classique.

Lehmbruck Wilhelm dans celle qui regarde en arrière 1915, donne sa vision lyrique et mélancolique.

Même Matisse à travers la Serpentine qui est assez statique dans la posture trouve une fluidité et un mouvement dans les courbes et la finesse de la posture. La figure est poétique, le nu n’être plus vraiment traité pour le nu mais pour l’attitude, la légèreté.

Moore se plaira à représenter le corps féminin étendu pour lequel il a beaucoup de vénération. Il représentera aussi la maternité et/ou la nature.

Charles Despiau dans Assia 1938, montre un corps à anatomie sportive.

Henri Laurens dans l’adieu 1940 simplifie les membres à la manière cubiste et réduit le corps à la structure de base.

Hans Arp dans torse féminin 1953, arrondies les formes et rappelle les idoles de la fécondité.

Alexandre Archipenko dans femme se coiffant aborde le nu par une sculpture qui possède à la fois courbes et une inspiration cubiste tendant vers le futurisme avec en plus au niveau de la tête un trou qui évoque la sculpture ayant un lien avec l’espace que l’on traverse.

Gaston Lachaise à la suite de la rencontre avec sa femme célébrera la féminité qui sera le thème dominant de ses œuvres. Ses œuvres sont conçu comme l’équivalent des déesses de la fertilité dans les religions primitives.

 

Parmi les contemporains, le nu est moins abordé et même pour certains totalement abandonné. Néanmoins, les personnes qui l’aborde, l’abordent bien.

Arman dans tronc de gants donne la dimension de l’étrange, du surréalisme mais aussi une vision du désir, de l’érotique par divers attouchements .

John De Andrea en général, réalise des nus grandeur nature réduits à leur pure nudité et ne transmettent aucune valeur expressive voulue par l’artiste, si ce n’est une représentation fidèle du corps et une ressemblance frappante et trompeuse.

Georges Segal, crée des environnements et installations à partir de model en plâtre et ici le nu n’est plus qu’un élément. Il fait parti de la mise en scène d’une situation de la vie quotidienne

 

 

 

L’art évolue avec son temps, se sont les découvertes et les mouvances du moment, mais aussi de l’histoire qui influence et dirige les expérimentations des artistes.
C’est en s’intéressant à l’art nègre que la sculpture occidentale, mais aussi fortement la peinture ont pu se développer vers le cubisme puis en découla de nouvelles formes associées à la révolution industrielle … Le nu sera donc sans doute comme il l’a déjà été fait repris et étudié de nouveau dans le futur afin de passer un autre cap.

 

 
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